La dyscalculie (Troubles des Apprentissages Mathématiques) / Les troubles logico-mathématiques
Des prérequis logiques et mathématiques de l'apprentissage... aux troubles des apprentissages: dyscalculie (Troubles des Apprentissages Mathématiques) et logico-mathématiques
Comment savoir si la caboche de votre enfant n'a pas une mise à jour ISO 5.8 de retard ? Est-il performant ? Est-il dépassé ? Faut-il lui faire un petit nettoyage de disque dur ? Parce que le sommet de la courbe de Gauss*, lui, il sait ce que c'est d'être normal. Alors, au cas où, mieux vaut être en plein milieu, on ne sait jamais ! Et puis, c'est le programme scolaire qui le dit... ... ...
Que les choses soient claires, quitte à être incompatible avec cette chère Mme Gauss*, je réfute tout ! Oui, tout !
Commençons déjà par considérer votre enfant comme un être en développement et ce à tout âge. Cette évolution n'est pas toujours linéaire et certains domaines évoluent plus vite que d'autres : après tout, Superman savait déjà écraser des voitures avant de savoir parler. Cependant, il y a tout de même certains prérequis indispensables à acquérir avant d'apprendre : il a fallu que Superman sache sauter avant de voler, tout comme nous devons maitriser le langage oral avant d'écrire.
En gros considérons les savoirs de votre enfant avant de nous occuper de ses performances. Ces précieuses connaissances s'acquièrent par l'expérience scientifique. Et oui ! Votre enfant est un savant ! Petites lunettes, blouse blanche, tubes à essai et calepin de notes à la main, depuis sa naissance, il teste (« aba beuh brrr »), essaie (« si je lance ma cuillère par terre, tu me la ramènes? »), échoue (« je tombe sur les fesses, aie ! »), recommence (« et si je rentre cette forme dans ce trou, ça rentre ? »)...bref, il apprend !
Et quand chouchou entre à l'école ? Avec sa petite mallette, ses petits crayons de couleur, ses petites (grosses) larmes du premier jour ? Il entre dans le système. Il y a des palliers cette fois et il doit les atteindre pour passer chez les grands. Et que doit savoir votre enfant pour entrer dans les apprentissages scolaires en CP/lP, passage ultime de la maternelle à la primaire ? Lisez la suite que je vous explique...
D'abord, il faut un peu de logique...
- la classification : Il s'agit d'être capable de « ranger » le monde en groupe. Je mets le pigeon et la mouette ensemble car ce sont des oiseaux, l'arbre et la fleur, la table et la chaise...
Ainsi je vais pouvoir comprendre...
- l'inclusion : Ici, je comprends qu'à l'intérieur des catégories, il peut y en avoir plusieurs : dans le groupe des aliments, je peux trouver des fruits et des légumes. Il y a la viande aussi mais qui vient des animaux donc d'un autre groupe...
- la conservation : Il faut faire de vraies expériences scientifiques pour comprendre cette notion ! Ici, la transformation spatiale n'altère pas la quantité. Imaginons, j'ai 5 cartes pokémons étalées sur la table (chouette!), je les empile... Ai-je toujours autant de cartes ? Ça prend moins de place pourtant !
- la sériation : Je mets en série, je range du plus petit poney au plus grand cheval.
- la combinatoire: comme son nom l'indique, on combine ! Quelle sorte de glaces deux boules je peux faire avec fraise et vanille ? Vanille-vanille, vanille-fraise....
Ajoutez un soupçon de mathématiques :
- la chaine de comptage : au début, on compte comme une comptine : « undeuxtroisquatrecinq... » ensuite on commence à individualiser les chiffres : « un/deux/trois... » et les isoler : « deux », on arrive à compter de l'un à l'autre : « GO trois quatre cinq STOP », à comptez à l'envers : « décolage de la fusée trois, deux, un... », à compter pas à pas : « deux, quatre, six... »
- les gnosies digitales : lorsqu'on apprend à compter, on le fait d'abord sur ses doigts (ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on compte de 10 en 10). C'est indispensable ! On compte, on reconnait, on ajoute, on retire... avec ses doigts.
- le dénombrement : être capable de dire combien de je vois de doigts sur ma main (si vous en comptez 6, c'est qu'il y a un problème)
- le subitizing : c'est définir une quantité sans compter. Autrement dit, j'aperçois 3 points sur un dés moins d'une seconde et je peux dire que je dois avancer de 3 cases mon pion.
- la quantité : les codes 5 ou « cinq » représentent la quantité * * * * *
- l'estimation : chez les petits, ce sera une réflexion du genre : « avoir 5 cheveux sur la tête, c'est beaucoup ? »
- les problèmes : la résolution de petits problèmes comme comprendre ce qu'il va se passer si je mange un des trois gouters sur la table.
Puis, mélangez le tout :
Pour finir, on fait une belle pâte de tout ça !
Bout de chou et bout de rose doivent pouvoir faire des liens entre leurs expériences :
« oooooh ! C'est comme avec la plasticine (pâte à modeler), il y en a toujours pareil en fait. »
« Le gouter c'est comme avec les sous de Maman quand elle va au magasin, après y en a plus. »
« Les dalton aussi ils font des math, du plus petit au plus grand. »
Le passage en primaire marque le début du codage. Ils vont mettre des lettres et des chiffres sur leurs mots. Il faut donc arriver en phase 2 :
1 2 3
manipuler gérer mentalement coder
La phase deux induit que Minipouce peut faire les choses dans sa tête : se souvenir, manipuler mentalement, se projeter... Si je lance la bille sur le circuit, que va t elle devenir ?
J'attire votre attention sur cette différenciation: le « par coeur » n'est pas signe de compréhension. Il peut servir les intérêts de cette dernière mais ce n'est pas parce qu'un enfant répond « 3-1=2 » qu'il a compris qu'un gouter a disparu de la table et que ce retrait a engendré une nouvelle quantité.
J'espère que ces jolis mots vous ont éclairés sur la vision évolutive de l'enfant. Si les points ci-dessus écrits sont au vert, on peut envisager sereinement le passage à la primaire. Il y a évidemment d'autres domaines qui doivent être check pour lui permettre de continuer sa route. L'équilibre psychologique, la maitrise du corps, la mémoire...font aussi parties des prérequis aux apprentissages. Un doute ? Une question ? Une révolte ? N'hésitez pas à consulter un professionnel !
Un remerciement à Caroline Laborde pour sa formation sur la dyscalculie et le retard de raisonnement logique ainsi qu'à ... pour la gestion mentale.
* Madame Gauss